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vendredi 8 décembre 2017

Je pense certains immortels

Apprenant ce jour le décès d'Alain-Christophe Restrat en septembre dernier.
En creux, vous dire : Alain-Christophe lavait tous les jours les "choses" à l'eau d'aimer.
il écrivait : "tous ceux qui écrivent sont dans l'absence".
il m'écrivait : "vivez, comme vous, pas à la place d'une autre. Quand votre absence sera la vôtre vous ne distinguerez plus vivre-écrire d'écrire-vivre. des fois je vous vois dans mon absence"
Alain-Christophe était un homme, un vrai, comme il le disait d'Henri Michaux, un homme qui écrit, pas un écrivain. Et la tendresse qu'il déversait sans compter...
Il écrivait: "pas de poésie sans fragilité qui, comme l'amour, ne se partage pas, ou trop, ou mal, ou pas assez. Elle est soudaine ou constante, infime ou trop grande, parfois si aiguë qu'elle déborde le corps et elle est aussi le tout et le rien inséparés d'une présence-absence sans nom pourtant essentielle à notre respiration."
Il écrivait : "aujourd'hui je suis triste d'être triste sans savoir pourquoi je suis triste, ça me fait un nuage d'existence"
"Je ne sais plus si le mot amour prend un seul aime mais je sais que le mot toujours ne finit jamais son parcours et que le mot ombre fait toujours de l'ombre".
Alors oui, il écrivait encore : "il pleut toujours sur le cœur et sur le s.e.u.l. mais il fait toujours beau quand le dieu des mots fait son nid dans l'o de la poésie".
Je relis "Le cimetière", "Rien ne ressemble à écrire", "Départ dans l'affliction et le son vieux" et je termine avec "Autoportrait au silence", la présence-absence d'Alain-Christophe Restrat au creux de moi, à vous.




Poésie et textes brefs
Le Principe de la Mer, éditions Le Voleur de Talan, 1982
Quelque, éditions Le Voleur de Talan, 1983
Rien de Rimb, éditions à Passage, 1984
Passade, éditions Le Voleur de Talan, 1985
« ême » , éditions à Passage, 1985
Impasses absolues, éditions Flammarion, 1986
« ...rinçures » , éditions Le Voleur de Talan, 1987
Départ dam l'affliction et le son vieux, éditions Flammarion, 1992
« sans les mots » , éditions in Petite 5, 1998
« l'instinct de ciel » , éditions in La Polygraphe 1, 1998
Rien ne ressemble à écrire, G & g Ed., 1998
Autoportrait au silence, éditions cipM / Spectres Familiers, 2000
Carnet fragile, G & g Ed., 2002

Livres illustrés et livres d'artistes
Cœur d’eau, avec 8 gravures de G. Celan, éditions Clivages, 1980
« ême » , avec interventions de Sophie, éditions à Passage, 1985
le Cimetière, avec 8 dessins de M. Meïer, éditions Harpo& 2001
pouèzie, avec peintures de Joël Leick, éditions L’Attentive, 2003
rien que du papier, avec dessins d’Isabelle Cavalleri, éditions Le Temps volé, 2005
Sarah, avec peintures de Jörg Langhans, éditions Le Temps volé, 2005
Sait si bon, avec dessins de C. Steinnetz, éditions Hôtel Rivet, 2006

Livres réalisés à la main
Si peu si rien, livres manuscrits peint par Alain Suby, en 6 exemplaires, avril 2005
Chaque exemplaire avec 8 pages manuscrites et 11 interventions peintes par Alain Suby

Fragment, livres manuscrits peint par Alain Suby, en 6 exemplaires, avril 2005
Comportant emboîtage en papier et couverture intérieure, en bois entièrement manuscrit et accompagné d’interventions peintes par Alain Suby

Toujours cette ombre…, livres manuscrits peint par Yves Reynier, en 6 exemplaires, avril 2005

mardi 5 décembre 2017

C'est maintenant !

 
Un cadeau pour soi, pour un(e) autre, pour plein d'autres !
Le dernier Brèves dont le maître-mot est intuition  
m'accueille pour un entretien avec Martine Delort. 
On y parle lecture, écriture, nouvelles...

Il suffit de le commander à votre libraire ou directement à Brèves.

Belle lecture à vous

dimanche 3 décembre 2017

un immense merci à Marie Rajablat

à la librairie Mots et Cie à Carcassonne, 
c'était hier avec Marie Rajablat 
et 25 personnes venues bravant la neige et le vent glacial. 
Il faut continuer ! 


Frères Migrants, Patrick Chamoiseau (ed. Seuil)

DÉCLARATION DES POÈTES

1 - Les poètes déclarent : ni orpheline, ni sans effets, aucune douleur n’a de frontières !

2 - Les poètes déclarent que dans l’indéfini de l’univers se tient l’énigme de notre monde, que dans cette énigme se tient le mystère du vivant, que dans ce mystère palpite la poésie des hommes : pas un ne saurait se voir dépossédé de l’autre !

3 - Les poètes déclarent que l’accomplissement mutuel de l’univers, de la planète, du vivant et des hommes ne peut s’envisager que dans une horizontale plénitude du vivant — cette manière d’être au monde par laquelle l’humanité cesse d’être une menace pour elle-même. Et pour ce qui existe…

4 - Les poètes déclarent que par le règne de la puissance actuelle, sous le fer de cette gloire, ont surgi les défis qui menacent notre existence sur cette planète ; que, dès lors, tout ce qu’il existe de sensible de vivant ou d’humain en dessous de notre ciel a le droit, le devoir, de s’en écarter et de concourir d’une manière très humaine, ou d’une autre encore bien plus humaine, à sa disparition.

5 - Les poètes déclarent qu’aller-venir et dévirer de par les rives du monde sont un Droit poétique, c’est-à-dire : une décence qui s’élève de tous les Droits connus visant à protéger le plus précieux de nos humanités ; qu’aller-venir et dévirer sont un hommage offert à ceux vers qui l’on va, à ceux chez qui l’on passe, et que c’est une célébration de l’histoire humaine que d’honorer la terre entière de ses élans et de ses rêves. Chacun peut décider de vivre cette célébration. Chacun peut se voir un jour acculé à la vivre ou bien à la revivre. Et chacun, dans sa force d’agir, sa puissance d’exister, se doit d’en prendre le plus grand soin.

6 - Les poètes déclarent qu’en la matière des migrations individuelles ou collectives, trans-pays, trans-nations et trans-monde, aucune pénalisation ne saurait être infligée à quiconque, et pour quoi que ce soit, et qu’aucun délit de solidarité ne saurait décemment exister.

7 - Les poètes déclarent que le racisme, la xénophobie, l’indifférence à l’Autre qui vient qui passe qui souffre et qui appelle sont des indécences qui dans l’histoire des hommes n’ont ouvert la voie qu’aux exterminations, et donc que ne pas accueillir, même pour de bonnes raisons, celui qui vient qui passe qui souffre et qui appelle est un acte criminel.

8 - Les poètes déclarent qu’une politique de sécurité qui laisse mourir et qui suspend des libertés individuelles au nom de l’Ordre public contrevient au principe de Sûreté que seul peut garantir l’exercice inaliénable indivisible des Droits fondamentaux.

9 - Les poètes déclarent qu’une Constitution nationale ou supranationale qui n’anticiperait pas les procédures d’accueil de ceux qui passent qui viennent et qui appellent, contreviendrait de même manière à la Sûreté de tous.

10 - Les poètes déclarent qu’aucun réfugié, chercheur d’asile, migrant sous une nécessité, éjecté volontaire, aucun déplacé poétique, ne saurait apparaître dans un lieu de ce monde sans qu’il n’ait — non pas un visage mais tous les visages, non pas un cœur tous les cœurs, non pas une âme toutes les âmes. Qu’il incarne dès lors l’Histoire de toutes nos histoires et devient par ce fait même un symbole absolu de l’humaine dignité.

11 - Les poètes déclarent que jamais plus un homme sur cette planète n’aura à fouler une terre étrangère — toute terre lui sera native —, ni ne restera en marge d’une citoyenneté — chaque citoyenneté le touchant de ses grâces —, et que celle-ci, soucieuse de la diversité du monde, ne saurait décider des bagages et outils culturels qu’il lui plaira de choisir.

12 - Les poètes déclarent que, quelles que soient les circonstances, un enfant ne saurait naître en dehors de l’enfance ; que l’enfance est le sel de la terre, le sol de notre sol, le sang de tous les sangs, que l’enfance est donc partout chez elle, comme la respiration du vent, le salubre de l’orage, le fécond de la foudre, prioritaire en tout, plénière d’emblée et citoyenne d’office.

13 - Les poètes déclarent que la Méditerranée entière est désormais le Lieu d’un hommage à ceux qui y sont morts, qu’elle soutient de l’assise de ses rives une arche célébrante, ouverte aux vents et ouverte aux plus infimes lumières, épelant pour tous les lettres du mot accueil dans toutes les langues, dans tous les chants, et que ce mot constitue uniment l’éthique du vivre-monde.

14 - Les poètes déclarent que les frontières ne signalent qu’une partition de rythmes et de saveurs, qui n’oppose pas mais qui accorde, qui ne sépare que pour relier, qui ne distingue que pour rallier, et que dès lors aucun cerbère, aucun passeur, n’y trouvera à sévir, aucun désir n’y trouvera à souffrir.

15 - Les poètes déclarent que toute Nation est Nation-Relation, souveraine mais solidaire, offerte au soin de tous et responsable de tous sur le tapis de ses frontières.

16 – Frères migrants, qui le monde vivez, qui le vivez bien avant nous, les poètes déclarent en votre nom, que le vouloir commun contre les forces brutes se nourrira des infimes impulsions. Que l’effort est en chacun dans l’ordinaire du quotidien. Que le combat de chacun est le combat de tous. Que le bonheur de tous clignote dans l’effort et la grâce de chacun, jusqu’à nous dessiner un monde où ce qui verse et se déverse par-dessus les frontières se transforme là même, de part et d’autre des murs et de toutes les barrières, en cent fois cent fois cent millions de lucioles ! — une seule pour maintenir l'espoir à la portée de tous, les autres pour garantir l’ampleur de cette beauté contre les forces contraires. 

Paris, Genève, Rio,
Porto Alegre, Cayenne,
La  Favorite,
Décembre 2016
Patrick Chamoiseau

indispensable

le
​samedi ​
2 décembre
à 15h

à la librairie Mots et Cie 
 
rencontre avec Marie Rajablat

pour le livre
​:​
SOS Méditerranée
Les naufragés de l'enfer
Témoignages recueillis sur l'Aquarius
par Marie Rajablat et Laurin Schmid
ed. Digobar

Lecture par Valérie Schlée
 
L’association SOS MEDITERRANEE a reçu à l’UNESCO le Prix Félix HouphouëtBoigny pour la recherche de la paix 2017
Embarquez à bord de l’Aquarius avec les équipes de SOS MEDITERRANEE, association civile européenne de sauvetage en haute mer. Sa mission : sauver des vies sur la route migratoire la plus mortelle au monde, en mer Méditerranée, au large de la Libye.
Avec beaucoup d’humanité, les sauveteurs viennent au secours de naufragés qui sont aussi des survivants de l’enfer libyen. Au détour des ponts et coursives, hommes, femmes et enfants ont confié, avec pudeur et émotion, les raisons et les conditions de cette traversée de la dernière chance. Des témoignages bouleversants qui ne laissent pas indemne et changeront notre regard sur ces vies meurtries, réduites souvent à l’expression de migrants.
Marie Rajablat, bénévole française chez SOS MEDITERRANEE, a été infirmière de secteur psychiatrique. Elle a une longue expérience dans l’humanitaire. Animatrice de groupes de recherche et d’écriture clinique, elle est auteur de plusieurs ouvrages.
Laurin Schmid est un reporter photo allemand et photographe de portrait. Outre les questions humanitaires, Laurin se concentre sur des sujets politiques et sociaux.
« Sachons nous ouvrir et laisser pénétrer l’esprit qui souffle dès les premières pages de cet ouvrage où nous partageons la vie des équipes à bord de l’Aquarius, leur découverte à la fois progressive et brutale des solidarités les liant entre eux (équipage, sauveteurs, médecins et infirmiers, communicants…), mais surtout les liant existentiellement aux naufragés eux-mêmes. »
Francis Vallat
Président de SOS MEDITERRANEE France

Librairie Mots et cie
35 rue Armagnac
11000 Carcassonne
0468472144
www.librairiemotsetcie.fr