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samedi 30 mai 2015

Poésie 1


 Et qu'on ne dise plus : c'était mieux avant !



A une époque où notre intellect est sollicité de toutes parts et où notre temps imparti à la lecture s'amenuise proportionnellement à nos occupations, rien ne me paraît plus louable que de tenter la diffusion massive, démocratique, de ce qui a toujours été considéré du domaine des « happy few » : le livre de poésie.
Inutile de dire que les jeunes libraires-éditeurs qui se sont lancés dans cette entreprise ont la passion de leur métier ainsi que la foi et l'enthousiasme qui caractérise leur âge.
Pour le « lancement » de cette quintessence de l'intelligence, de l'imagination et de la sensibilité qu'est la poésie, ils ont choisi le meilleur vecteur possible : la publicité.
Qui s'étonnerait de me voir applaudir à une pareille tentative ?
La publicité implique avant tout un acte de choix. Choisir, c'est élire. Élire, c'est favoriser les développement d'une production donnée. Or, toute stratégie publicitaire provoquant une production de masse entraîne inévitablement une consommation de masse mettant à la portée de tous ce qui était, jusque-là, réservé à un très petit nombre de privilégiés.

1900 - [p. 7] Marcel Bleustein-Blanchet