Nombre total de pages vues

dimanche 3 février 2019

web journal du collège Antoine Pons à Chalabre


 
 
Valérie Schlée au CDI du collège Antoine Pons, 
dans le cadre du prix d’Un livre à l’Aude – Crédit photo : Rédac-cheffe
  https://webjournalcollegeantoinepons.wordpress.com/2019/01/21/zoom-sur-le-metier-de-lecteur-rice-publique/


Question du Club Web Journal : Comment s’appelle votre métier ?
Réponse de Valérie Schlée : Mon métier s’appelle : lectrice à voix haute ou lectrice publique. Souvent on le nomme « conteuse » ce qui est une erreur. La conteuse dit une histoire qu’elle transmet à sa manière, qu’elle réinvente sans le support du livre, dans la tradition orale. Je suis bien incapable de conter ! On le confond aussi parfois avec la « lectrice » qui est en fait la correctrice des textes dans une maison d’édition.

CWJ : En quoi consiste t-il ?
Valérie Schlée : Lectrice à voix haute, c’est donner à entendre des extraits de la littérature, pour le plaisir ou l’intérêt immédiat, pour déclencher l’envie de lire, pour faire passer un message, pour une création avec des musiciens, danseurs, peintres… Je lis dans des médiathèques, dans des collèges et lycées, des lieux d’exposition, des musées, à l’hôpital, en prison ….
Pour construire une lecture, il faut faire une recherche bibliographique (sur un thème par exemple), lire beaucoup de livres, choisir parmi eux ceux qui vont permettre de construire la lecture et la couleur qu’on veut lui donner, puis déterminer les extraits et les agencer, ou les coudre ensemble (trouver l’ordre de lecture et les liens)! Ensuite, vient aussi le temps du chronométrage : une lecture dure de 5 minutes à 45 minutes. Pour finir, il y a tout le travail de mise en bouche, de marquage des respirations, des pauses, etc… Selon le lieu et le public, je dois travailler la mise en scène, la posture, la sonorisation si besoin et le bien-être des auditeurs ! Et enfin, rencontrer l’auditoire ! Ou plus exactement, que l’auditoire puisse rencontrer le texte !

CWJ : Quelles études faut-il faire pour devenir lectrice publique ?
Valérie Schlée : Il n’y a pas d’études spécifiques. Mais des formations à la lecture à voix haute existent à Paris (La voie des livres), à Lyon (crefad).

CWJ : Quelles sont les qualités requises pour exercer ce métier ?
Valérie Schlée : Lire beaucoup. Etre exigeant dans les choix littéraires. Entretenir une bonne diction, et une bonne connaissance de son corps (respiration). Aimer rencontrer les autres.

CWJ : Pouvez-vous nous décrire votre environnement de travail ?
Valérie Schlée : Je passe du temps dans les médiathèques, sur internet, (pour la recherche bibliographique). Le temps de la lecture silencieuse se fait dans mon lit, sur mon tapis, sur la plage, à la terrasse d’un café… Les collèges, lycées, médiathèques, lieux d’exposition etc…. j’y passe peu de temps ! Mais ce temps est concentré et très nourrissant. Je me déplace beaucoup d’un endroit à l’autre, en voiture la plupart du temps (c’est là que j’échauffe ma voix ! en faisant des grimaces, en chantant, en faisant des exercices de respiration…)

CWJ : Qu’est-ce que vous aimez le plus dans votre métier ?
Valérie Schlée : J’adore quand je sens une curiosité ou une émotion chez un ou plusieurs écoutant-es. J’aime partager. J’aime quand la littérature nous fait réfléchir, nous change un peu, nous fait regarder le monde autrement, nous rend plus libre !

CWJ : Quels conseils donneriez-vous aux personnes qui souhaiteraient exercer ce métier ?
Valérie Schlée : Lire. Lire aux autres, par petites touches et puis de plus en plus. Etre exigeant ! Il y a tant de livres vides et creux : trouver les livres qui nous touchent et peuvent changer chacun et le monde ; participer à des stages ; lire pour ceux qui ne lisent pas !

CWJ : Êtes-vous passionnée par votre métier ?
Valérie Schlée : OUI ! C’est un métier qu’on ne peut pas faire sans passion.

CWJ : Pour les lectures impromptues êtes-vous bénévole  ?
Valérie Schlée : Je suis payée pour toutes les lectures que je prépare et donne. Pour les lectures impromptues, pour le prix d’un livre à l’Aude, j’ai lu les extraits  dans 56 classes en 4 jours et demi ! De Port-la-Nouvelle et Narbonne, en passant par Castelnaudary, Bram, Carcassonne, Cuxac-Cabardès,  Limoux, Quillan et Chalabre.

CWJ : Combien gagnez-vous ?
Valérie Schlée : Je gagne très peu ! 300 euros par mois environ (quand mes charges sont payées). J’ai besoin d’avoir une seconde activité rémunérée.

CWJ : Quel est votre autre métier ?
Valérie Schlée : J’ai été libraire, animatrice d’ateliers d’écriture, organisatrice de rencontres littéraires et je suis auteure de livres de poésie.

CWJ : Avez vous déjà eu peur de vous tromper pendant une lecture ?
Valérie Schlée : Oui ! A chaque fois ! J’essaye de transformer la peur en tension pour donner le meilleur possible.

CWJ : Travaillez vous parfois dans un théâtre ?
Valérie Schlée : Je ne fais pas un travail de comédienne. Mais parfois je donne une lecture dans un théâtre, oui. (Cave poésie à Toulouse, Scène nationale de Narbonne par exemple).


Valérie Schlée à propos du Club lecture du collège de Chalabre : « Quand nous nous sommes retrouvés le 8 novembre, vous m’avez impressionnée par la richesse de vos réflexions, les descriptions de vos lectures, votre vocabulaire très élaboré. Vous avez su mettre des mots sur les livres eux-mêmes mais aussi sur vos ressentis, ce qui est rare et précieux. Bravo ! »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire